Французский перевод Н. Бланшара
Источник: Blanchard N. Igor, poème héroique traduit du russe. Moscou, 1823.
- 1. Il est doux de chanter un héros malheureux,
Chantons du brave Igor l’effort infructueux ; - 2. Mais que dans nos récits, simples et véridiques,
N’entrent point de Boyan les fictions antiques ; - 3. Quand ce barde voulait célébrer les héros.
Son esprit inspiré l’élevait sur les flots,
Le portait comme un aigle au-dessus des nuages,
Ou comme un faible oiseau parmi de verts bocages - 4. – – –
- 5. Sa lyre, obéissante à ses flexibles doigts,
Des princes, d’elle-même, entonnait les exploits. - 6. Aux dangers des combats excitant son courage,
Igor, d’un long repos fuit le mol esclavage ; - 7. Il suit le noble élan que lui dicte l’honneur,
Et chez les Polovtsis va porter la terreur.
Il assemble aussitôt l’élite formidable
Qui, sur ses pas, s’ébranle en masse impénétrable. - 8. Alors, vers le soleil élevant ses regards,
Il le voit obscurci par de sombres brouillards ;
Et l’ombre avait couvert ses troupes effrayées.
Il montre un front serein et les croit rassurées:
Mais tout tremble, recule à l’augure fatal. - 9. Il donne du départ et l’ordre et le signal.
- 10. « Frères et compagnons, fiers soutiens de mes armes,
Ne nous adonnons point à de fausses allarmes ; - 11. Partons. Celui de vous qui veut fuir les combats
Peut, en ce même instant, retourner sur ses pas.
Je ne crains point la mort: elle est pour moi trop belle
Pour que je lui préfère une honte éternelle ; - 12. – – –
- 13. Je veux franchir le Don et puiser de son eau,
Ou trouver sur ses bords un glorieux tombeau. » - 14. Des temps qui ne sont plus, chantre doux et sonore,
Boyan! tel que l’oiseau qu’on entend dès l’aurore,
Tu pourrais seul chanter de si nombreux exploits:
Voltigeant comme lui sous l’ombrage des bois ;
T’élevant en esprit où naissent les orages;
Comparant nos héros à ceux des premiers âges,
Et, suivi de Troyan franchissant les vallons. - 15. – – –
- 16. Est-ce un vent furieux qui, descendant des monts
Entraîne cette nue épaisse et ténébreuse ?
Non ; c’est des noirs Choucas la troupe impétueuse - 17. Qui plane vers les bords du Tanaïs ému.
Chante, fils de Veless ! le tems en est venu. - 18. Kiew, Novogorod, ont invoqué la gloire ;
Putivl déploie aux vents le drapeau de victoire,
Et du grand Svetoslaw le fils impatient
N’attend que Vsevolod pour aller plus avant. - 19. Il arrive et lui dit:
- 20. «Igor, frère que j’aime,
Compte sur Vsevolod autant que sur toi-même, - 21. Selle tes noirs coursiers ;
- 22. viens à Kursk où les miens
Rongent d’impatience et leurs mors et leurs freins, - 23. Mes soldats à te suivre avec ardeur s’apprêtent ;
A l’aspect du danger jamais ils ne s’arrêtent.
Elevés sous le casque, ils ont dès leurs berceaux
Appris à supporter la guerre et ses travaux.
Le combat fut leurs jeux ; et dans la nuit paisible
La trompette endormait leur courage invincible. - 24. Leurs armes sont, le sabre et le rapide dard
Que toujours vers son but ils lancent avec art ; - 25. Et comme on voit des loups la troupe rugissante
Errer parmi les bois et porter l’épouvante,
Tels, parcourant les lieux que tu vas conquérir,
Ils guideront nos pas pour vaincre ou pour mourir » - 26. Sur ses étriers d’or alors Igor s’élance ;
Il part, et loin de lui laisse une plaine immense ; - 27. Mais l’ombre, qui des cieux embrasse le contour,
L’arrête en succédant à la clarté du jour. - 28. Des vapeurs que les vents, tout à coup, amoncèlent
Lancent les longs éclairs que leurs antres recèlent ;
Le tonnerre en éclats gronde au sommet, des monts,
Les troupeaux effrayés quittent les verts gazons
L’oiseau timide fuit sous l’abri du feuillage,
Et d’affreux hurlements répondent à l’orage. - 29. De la cime d’un arbre aussi vieux que le tems
Le hibou fait ouïr ses longs gémissemens:
Ils atteignent les lieux où coule la Surage
Le Volga sinueux eu sent frémir sa plage ;
Ils troublent la Sula, Korsum a retenti.
Et toi, Tmoutarakan, tes murs en ont mugi. - 30. Déjà des Polovtsis la cohorte est en fuite:
Vers le Don en désordre elle se précipite.
L’oreille ? au bruit aigu des chariots pésans,
Croit ouïr des corbeaux les durs croassemens ;
Et vers le Don, lui-même, Igor porte ses armes. - 31. De sinistres oiseaux précurseurs des alarmes
Par de vastes circuits obscurcissent les airs
Une funèbre voix gémit dans les déserts.
L’aigle, au haut des rochers dépeçant ses victimes
Remplit de cris perçans leurs caverneuses cimes.
Le loup cherche effrayé son autre souterrain,
Et l’aspect éclatant des boucliers d’airain
Met en fuite un troupeau des renards de la plaine. - 32. O Russes ! loin de vous est déjà Chélomène.
- 33. La nuit succède au jour ;
- 34. l’ombre couvre les cieux
Et la terre et les eaux d’un voile ténébreux. - 35. Le rossignol se tait, et, seuls dans la nature,
Les choucas font entendre un sépulcral murmure. - 36. Tel qu’un mobile mur, Igor et ses soldats,
S’avancent, respirant la gloire et les combats. - 37. L’aurore avec le jour amena le carnage:
Les Polovtsis, vaincus et frémissant de rage,
Ont fui, laissant, en proie au vainqueur effréné
Les armes, les trésors d’un camp abandonné ; - 38. – – –
- 39. Et pour prix des hauts-faits de sa lutte première
Igor reçut la toupe et la blanche bannière. - 40. Cependant son armée, au pied de longs coteaux,
Jouit de sa victoire et d’un libre repos ; - 41. – – –
- 42. Tandis que, vers le Don cherchant une retraite,
Gzag fuit avec Konchàg et maudit sa défaite. - 43. Le lendemain le jour, chassant l’obscurité,
Parut être couvert d’un voile ensanglanté: - 44. Des nuages épais venus des mers lointaines
Embrassaient de leur ombre et les bois et les plaines ; - 45. Le tonnerre éclatant dans leur sein orageux,
Allait frapper des monts les sommets sourcilleux
Bientôt en doit tomber une pluie homicide: - 46. Alors sur la Ray aie et sur le Don rapide
Les traits rejailliront des casques ennemis,
Et couvriront leurs eaux de sang et de débris. - 47. O Russes ! loin de vous est déjà Chélomène,
Alors abandonnant des mers l’immense arène, - 48. Les enfans de Stribog, sur les troupes d’Igor,
portent avec les dards le désordre et la mort. - 49. Sur les pas des guerriers gémit au loin la terre ;
L’eau des fleuves se trouble, et des monts de poussière
Ont dérobé l’armée ; - 50. et les drapeaux flottants
Murmurent, agités par d’impétueux vents.
L’ennemi vient du Don, des bords de la Kayale; - 51. Igor le voit, s’arrête ;
- 52. et la ligue infernale,
Poussant des cris affreux pour signal du combat
Dans les rangs polovtsiens se disperse et s’abat. - 53. O brave Vsêvolod ! en nuages de grêle
Tu fais pleuvoir les traits sur l’armée infidèle
Où resplendit l’acier de ton glaive éclatant
Tout trouve le trépas, ou l’évite en fuyant. - 54. – – –
- 55. – – –
- 56. Ce prince, ô mes amis ! pour braver les alarmes,
Oublie et Tchernigoff et son trône et ses charmes,
Les douceurs du repos, et le riant séjour,
Où ? près de Glebovna, son cœur goûtait l’amour. - 57. Les tems d’Iaroslaw, ces tems heureux de gloire,
N’existent plus, hélas ! que dans notre mémoire ;
De même, Oleg n’est plus: ce terrible guerrier - 58. Ne rougit plus de sang son glaive meurtrier j
- 59. Lui, qui, suivi jadis de sa garde sacrée,
Fit dans Tmoutarakan sa glorieuse entrée. - 60. – – –
- 61. – – –
- 62. Ce fut alors qu’assis sur un caparaçon,
Boris au jeune Oleg implora son pardon. - 63. Des hords de la Kayale aux champs de Kiovie,
Svetopolk, traversant les troupes de Hongrie,
Ramena les soldats de son père étonné. - 64. Faut-il dépeindre, amis, ce siècle infortuné,
Quand on vit, sous Oleg, la discorde sanglante
Bientôt lever un front d’horreur et d’épouvante;
Quand les princes, entr’eux se disputant leurs droits,
Des enfans de Dajd-Bog interompaient la voix ? - 65. Succédant, tout à coup, aux chants de l’allégresse,
De tous les jeux coulaient les pleurs de la tristesse ;
Et le cri du hibou quittant ses noirs réduits,
Se faisait seul entendre au sein des longues nuits. - 66. De nos braves aïeux telles furent les guerres.
Mais aucun des combats livrés par eux naguères
Ne peut se comparer à celui qu’à present
Igor a soutenu depuis le jour naissant.
L’aurore, par deux fois éclairant ce rivage,
Y vit se ranimer l’impitoyable rage ;
Pendant deux jours les airs, par les traits obscurcis,
Des guerriers acharnés répétèrent les cris ; - 67. Et la pâle terreur, du désespoir suivie,
Vint répandre le deuil sur toute la Russie. - 68. Mais quel est donc ce bruit, cette éclatante voix .
Qui, précédant l’aurore, émeut l’onde et les bois ? - 69. Vsevolod disparaît, l’infidèle l’entraîne
Igor pour le sauver forme une attaque vaine: - 70. Lui-même après deux jours d’efforts et de revers
Ne vit plus ses drapeaux s’agiter dans les airs - 71. Et la Kajale alors de cadavres remplie
Vit l’adieu des héros ravis à leur patrie, - 72. – – –
- 73. – – –
- 74. Tout partage et ressent la commune douleur
Les plaines ont perdu leur aimable fraîcheur ;
Des arbres jaunissans les cimes sont penchées,
Les fleurs ne lèvent plus leurs tiges desséchées ; - 75. Tout gémit: un désert a, dans ses regions,
Vu combattre et tomber nos braves légions. - 76. La Discorde revient, et ses ailes s’étendent
Sur le Don et la mer, d’où soudain se répandent
Les maux qu’elle produit. - 77. Les étrangers alors
Pour nous assujettir augmentent leurs efforts:
Et les princes, entr’eux nourrissant leurs querelles,
Ne peuvent soutenir le choc des infidèles. - 78. См. фрагмент 77
- 79. « O malheureux Igor ! pareil à cet oiseau
Qui planant dans les airs, cherche au loin un troupeau,
Et dont le cœur jouit à l’aspect des alarmes,
Tu portas trop avant ta valeur et tes armes. » - 80. – – –
- 81. – – –
- 82. Les épouses, alors en proie à la tristesse,
Rappelaient en ces mots l’objet de leur tendresse: - 83. « Chers époux ! revenez aimer et secourir
Celles que des brigands feront bientôt mourir !
Mais nous n’entendrons plus vos voix enchanteresses;
Désormais, sur nos seins brûlant de vos caresses,
Nous ne vous verrons plus appeler le sommeil,
Et sourire à nos feux au moment du réveil.
Notre or nous est ravi… mais que fait l’opulence
A des cœurs qu’a flétris votre cruelle absence ?
La richesse peut plaire alors que les soupirs
Ne viennent point troubler l’amour et ses plaisirs ;
Mais privé des plaisirs et de ceux que l’on aime
La richesse d’un roi ne plaît pas elle-même.
Du sort sur nous quel crime attira le courroux ?
Nous avons tout perdu… nos biens et nos époux.
Où sont-ils maintenant?… les champs des infidels
Ont sans doute englouti leurs dépouilles mortelles
O terre! reçois-nous dans ton humide sein,
Plutôt que d’exister sous un joug inhumain ! » - 84. Tandis que dans Kiow tout exhalait la plainte,
Que Tchernigoff tremblant succombait à la crainte, - 85. – – –
- 86. Les princes, oubliant leurs propres intérêts,
Par leurs divisions épuisaient leurs sujets ; - 87. Les Barbares, régnant sur la faible Russie,
Exerçaient à loisir leur lâche tyrannie: - 88. D’Igor, de Vsévolod exécrables vainqueurs
Leur rage ne mit plus de borne à ses fureurs ;
A ces fureurs, hélas ! que Svétoslaw leur père
Méprisait autrefois et forçait à se taire, - 89. Et dont le nom, terrible à leurs champs dévastés
Glaçait alors d’effroi leurs cœurs épouvantés,
Qui, tel que de l’autan l’impétueuse haleine
De la cime d’un mont déracine un haut chêne,
Ayant atteint Kobiak dans les rangs polovtsiens,
L’avait saisi, porté dans les murs kievlains. - 90. C’est là que, les Germains., les Grecs et les Mrave
Célèbrent lés exploits du prince et de ses braves ;
Tandis qu’en accusant Igor de ses malheurs,
Les Russes à leurs chants répondent par des pleurs. - 91. – – –
- 92. Kiow, s’abandonnant aux maux qu’elle partage
N’offre plus des plaisirs la séduisante image:
La douleur au teint pâle errante sur ses murs
Y glace tous les cœurs par ses regards obscurs ; - 93. Et Svétoslaw, lui-même, en ce tems déplorable
Eut pour surcroît de peine un songe épouvantable: - 94. «Sur les monts de Kiow transporté cette nuit,
Dit–il à ses boyars, je crus être en mon lit, - 95. Où, recevant de vous une boisson fétide,
J’y crus voir du poison la couleur homicide. - 96. – – –
- 97. Contemplant mon palais, il me semblait encor
Voir son dôme privé de ses couvercles d’or ; - 98. Et, tant qu’eu mon esprit restèrent ces images,
J’entendis les corbeaux, - 99. dont les accents sauvages
Faisaient retentir Plinsk, Kissan et le vallon
Qui, près de cette ville en a reçu le nom.» - 100. См. фрагмент 101
- 101. Que nos âmes déjà par la douleur atteintes,
Répondent les boyars, avaient de justes craintes !
Ce songe qu’aujourd’hui vous offrit le sommeil,
Le cri de ces corbeaux, le funèbre appareil
De ce lit où la mort paraissait vous attendre,
Ce vin empoisonné que l’on vous faisait prendre,
Vos palais découverts ; tous ces signes, seigneur,
Annoncent à présent le plus affreux malheur ; - 102. Ils annoncent, hêlas! que pour une autre terre,
Deux faucons ont quitté le trône de leur père ;
Qu’allant sous leur pouvoir ranger Tmoutarakan,
Ils sont chargés de fers aux domaines du Kan. - 103. Deux fois le jour encor brilla sur la nature,
Quand le soleil, couvert d’une vapeur obscure,
Disparut et, soudain, deux astres avec lui,
Enfans de Svétoslaw ? sa gloire et son appui. - 104. La nuit d’un voile épais couvrit l’onde et la terre,
- 105. Et, tels que des lions sortis de leur repaire,
Les Polovtsis, guidés par leur kan inhumain
Vinrent sur la Russie élire un souverain ; - 106. C’est alors que, le crime accablant l’innocence,
- 107. – – –
- 108. De l’odieux hibou ramena la présence ;
- 109. Que des bords de la mer les échos éclatans
Des filles de Gothie entendirent les chants:
Que, faisant sonner l’or, fruit de la violence,
Elles célébraient Buss, Chourakan, sa vengeance. - 110. – – –
- 111. Alors, en soupirant et répandant des pleurs,
Svétoslav, en ces mots, exhale ses douleurs: - 112. « O princes de mon sang, jeunes guerriers que j’aime!
À quoi vous a réduit votre imprudence extrême ?
Trop tôt, d’an vain espoir, vos cœurs enorgueillis,
Entraînèrent vos pas contre les Polovtsis:
Injustement versé, le sang des infidèles
Couvrira pour toujours vos têtes criminelles, - 113. – – –
- 114. Et vengera l’affront que sur mes derniers ans
Je devais recevoir de mes plus chers enfans. - 115. Ah ! je ne verrai plus dans nos champs réunies
De mon frère Iaroslaw les troupes aguerries ;
Il n’est plus de Chelbir, d’Albers ni de Tathran,
Ces guerriers dont le nom faisait trembler le kan ;
Les Mogouth, les Topchak, ces boïards intrépides
Ne viendront point sécher mes paupières humides ;
Armés d’un seul poignard éclatant dans leurs mains,
Ils savaient se frayer les plus larges chemins;
Les noms de leurs aïeux, consacrés par la gloire,
Précipitaient leurs pas aux champs de la victoire ;
Et, grands assez pour fuir un éloge flatteur,
Ils ne refusaient point aux autres cet honneur. - 116. – – –
- 117. – – –
- 118. – – –
- 119. Mais les tems sont changés, hélas ! et dans ma peine
Autour de moi je jette une vue incertaine,
Et ne puis voir de prince auquel j’aurais recours,
Qui pût dans mes besoins me prêter son secours. » - 120. – – –
- 121. Urim, poussant des cris, fuit en vain la tempête
Des glaives ennemis suspendus sur sa tête,
Et sous leurs coups mortels Vladimir succombant
A fait entendre un faible et long gémissement. - 122. – – –
- 123. O Vsévolod! la voix de tes aïeux t’appelle ;
Viens être le soutien d’un trône qui chancelle - 124. Tes phalanges du Don pourraient tarir les flots
Et couvrir le Volga sur tes nombreux canots ; - 125. Viens donc ; Tchag et Kaschey, fuyant à ta présence,
Reconnaîtraient bientôt qu’elle est leur impuissance. - 126. Et de tes chéréchirs le mobile ressort,
Dans leurs rangs disperses ferait voler la mort. - 127. David et toi, Rurik ! est-ce vous qui, naguères,
Rougissiez dans le sang vos larges cimetères
Et l’or étincelant de vos casques épais ; - 128. Qui, pareils au taureau qu’on a percé de traits,
Et qui répand l’effroi, la mort sur son passage,
Subjuguiez les états par votre seul courage ? - 129. Montez, princes, montez vos superbes coursiers,
Tirez de leurs fourreaux vos glaives meurtriers,
Et sachant qu’il n’est rien qu’un grand cœur ne surmonte,
Venez venger d’Igor la défaite et la honte. - 130. Et toi, fier Osmomisl ! autrefois tes soldats
Sur les monts de Hongrie affrontaient le trépas ;
Le roi fut ton captif, ses droits ton apanage;
Le Danube soumis te livra son rivage,
Et les Solnans lointains fléchissent sous tes loix ; - 131. – – –
- 132. Prince! viens donc chercher de plus brillans exploits,
Viens employer ton bras contre la tyrannie,
Punir l’altier Konchak et venger la Russie. - 133. Vous, Mstislaff et Roman См. Фрагмент 134!
- 134. semblables au choucas
Qui sur les vents s’élève et cherche les combats,
De même, exécutant vos projets de conquête,
D’un immense pouvoir vous atteignez le faîte - 135. La terre des Javaks, des Lithuaniens
Celle des Polovtsis et des Déressiéliens,
Se courbant sous les coups de vos glaives terribles
Ont depuis respecté des guerriers invincibles ;
Le poids de votre armure a fait trembler les lieux
Où le kan imposait son joug impérieux - 136. Mais Igor ne voit plus l’éclat de la lumière.
Des arbres sont tombés, souillant dans la poussière
Leur verdure pâlie; et tout semble frémir,
Présageant les malheurs d’un funeste avenir. - 137. Les flots de la Sula, fuyant ceux de la Rase,
Ne baignent plus des champs que la discorde embrase ;
Et d’Igor dans les fers les brave!» ne sont plus. - 138. Accours prince ! du Don les bords se sont émus ;
- 139. Ils t’appellent: d’Olga les fils sont dans l’arène,
Viens: toujours avec eux la victoire est certaine - 140. Ingare, Vsévolod, et vous, jeunes héros,
Mstislavs ! vous qui goûtez un indigne repos, - 141. Et laissez dans la poudre à jamais avilies
Des armes autrefois aux Polonais ravies: - 142. Reprenez-les ces fers, ces pesants boucliers,
Et vengez la Russie, Igor et ses guerriers. - 143. Déjà la Sula fuit: ses rives vagabondes
Privent Péréaslaw du tribut de leurs ondes,
Et la triste Dvina chez les fiers Polovtsis
Etend un lit fangeux objet de leurs mépris. - 144. Le fils de Vassilkow dans la Lithuanie
Effaça seul l’affront de cette ignominie,
Quand, couvrant le Nemig d’ennemis terrassés
Il égalait Vseslaw dans ses exploits passés ;
Quand le fleuve, arrêtant ses ondes fugitives,
Revomissait les morts sur l’émail de ses rives.
Mais quel est donc celui qui pourrait mettre un frein
Aux fureurs des lions nourris de sang humain ?
Le nectar est pour eux … une coupe sanglante,
Et l’odeur de la mort … une fleur odorante.
Isiaslaw est tombé sous leurs glaives tranchants,
Et des Lithuaniens son corps couvrit les champs ;
Sur sa couche mortelle, éloigné des ses frères, - 145. Sa voix laissa tomber ces paroles dernières:
- 146. «Prince ! tous tes guerriers ont trouvé leurs tombeaux
Dans les avides flancs des voraçes oiseaux. » - 147. См. фрагмент 144
- 148. – – –
- 149. – – –
- 150. – – –
- 151. – – –
- 152. – – –
- 153. Vseslaw régnait jadis en juge souverain ;
- 154. – – –
- 155. – – –
- 156. – – –
- 157. – – –
- 158. – – –
- 159. Les princes recevaient leur pouvoir de sa main ;
Et, sitôt que la nuit, embrassant l’hémisphère,
De son propice voile enveloppait la terre,
Il se précipitait dans Kursk, Tmoutarakan,
Comme un loup altéré qui va chercher du sang; - 160. – – –
- 161. Mais, malgré son esprit, sa valeur, sa puissance,
Du bonheur de ce monde il connut l’inconstance, - 162. Et c’est pour ses pareils que fut fait ce refrein:
- 163. «Contre l’arrêt de Dieu la ruse ne peut rien.»
- 164. Tu frémis, ô Russie ! alors qu’à ta mémoire
Viennent se retracer les beaux jours de ta gloire,
Et qu’après ce tableau de tes prospérités,
Tu vois l’excès présent de tes calamités? - 165. – – –
- 166. – – –
- 167. – – –
- 168. Ainsi que la colombe en sa peine mortelle
Demande aux champs, aux bois sa compagne fidèle
De même, Iaroslavna que le repos a fui,
Fait entendre sa voix et le jour et la nuit ; - 169. – – –
- 170. «J’irai puiser, dit-elle, une onde douce et pure
Aux lieux où la Kayale arrose la verdure - 171. Et j’en humecterai les blessures d’Jgor. »
- 172. L’aurore dans Putivl la voit pleurer encor:
- 173. « O vents impétueux ! retenez votre haleine,
Ou portez vos fureurs sur les monts, dans la plaine,
Sur la vague en courroux ; - 174. mais qu’un soufle orageux
Ne chasse point les traits sur nos rangs belliqueux. - 175. См. фрагмент173
- 176. – – –»
- 177. Sur les murs de Putivl, mélancolique et tendre,
La voix d’Iaroslavna se fait encore entendre: - 178. « O célèbre Dnieper ! tes écumantes eaux
Ont séparé des champs, des bois et des coteaux ; - 179. Jusqu’au camp de Kobiak, ta surface rapide
Transporta Svétoslaw et sa flotte intrépide, - 180. Ramène donc l’objet de mes plus tendres vœux
Et la cause des pleurs dont sont noyés mes yeux» - 181. Sur les murs de Putivl, mélancolique et tendre,
La voix d’Iaroslavna se fait encore entendre: - 182. « Soleil étincelant ! toi qui, du haut des cieux,
Féconde l’univers éclairé par tes feux, - 183. De mes guerriers chéris calme la soif ardente
Et tempérant des airs la chaleur dévorante;
Et, te couvrant pour eux de nuages flottans,
N’attache plus l’armure à leurs seins palpitans. » - 184. Au milieu de la nuit le ciel devint plus sombre
La mer en mugissant roula ses flots dans l’ombre,
Et Dieu ramène Igor, d’un séjour odieux,
Au trône paternel, au toit de ses aïeux. - 185. Son œil fuit le sommeil: dans son impatience
Il mesure du Don les eaux et la distance - 186. Ovlour, non loin du fleuve, a donné le signal:
Il part ; - 187. et sous ses pas d’un mouvement égal,
La terre tressaillit, et la molle verdure
Fait entendre avec elle un paisible murmure. - 188. Igor part ; et, semblable au rapide faucon,
Il vole, et déjà touche aux bords rians du Don. - 189. – – –
- 190. – – –
- 191. – – –
- 192. Le fleuve se soulève et, comblant ses rivages,
Au Prince qu’il reçoit il offre ses hommages: - 193. « Que tes sujets, dit-il, instruits de ton retour,
Vont, par de vifs transports, te prouver leur amour !
La rage de Topchac, cherchant en vain sa proie,
Pourra seule égaler leur bonheur et leur joie.» - 194. См. фрагмент 195
- 195. « – Et toi, Donetz, et toi, » lui répond le héros,
Tu dois t’enorgueillir de me voir sur tes flots,
De m’offrir avec soin sur ta tranquille plage
Le duvet du gazon et l’ombre du feuillage ;
De me faire planer sur tes flots ondoyans
Comme cet enchanteur soutenu par les vents ; - 196. – – –
- 197. Telle n’est point, dit-il, la Stugna mugissante:
Le ruisseau dans son sein tombe avec épouvante,
Et ses rives, l’effroi des plus hardis nochers,
Se hérissent partout de funestes rochers. » - 198. Du jeune Rostislaw la tendre mère en larmes
Regrette un fils chéri, cause de ses alarmes ; - 199. Et les fleurs dans les prés, sèches et sans couleurs,
De cette mère en deuil partagent les douleurs. - 200. Gzag poursuivait Igor
- 201. et l’oiseau solitaire,
De ses sinistres cris, n’effrayait point la terre; - 202. On n’entendait alors que les concerts d’amour
Du rossignol chantant l’aspect prochain du jour. - 203. – – –
- 204. – – –
- 205. – – –
- 206. – – –
- 207. – – –
- 208. – – –
- 209. – – –
- 210. – – –
- 211. Le jour luit dans les cieux: Igor est en Russie.
- 212. Des vierges, de leurs voix accordant l’harmonie,
Font retentir Kiow, où parmi ses enfans,
Igor fait son entrée et provoque leurs chants. - 213. – – –
- 214. – – –
- 215. – – –
- 216. J’ai pour Igor ici fait entendre ma voix,
Vsevolod, Vladimir, j’ai chanté vos exploits; - 217. Gloire à ces défenseurs du culte de nos pères,
Contre l’impur amas des hordes étrangères ! - 218. – – –
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Орехов Б. В. Параллельный корпус переводов «Слова о полку Игореве»: итоги и перспективы // Национальный корпус русского языка: 2006—2008. Новые результаты и перспективы. — СПб.: Нестор-История, 2009. — С. 462—473.