Французский перевод Ф. Супо
Источник: Soupault Ph. Chant du Prince Igor. Rolle: Eyngard, 1950
- 1. Frères
faut-il commencer le récit
de la néfaste campagne d’Igor
en rappelant les anciens temps - 2. Que ce chant débute
par les récits de notre époque
oublions les inventions de Boïane - 3. car Boïane l’enchanteur
lorsqu’il voulait chanter
en l’honneur d’un homme
lançait son chant
jusqu’à la cime de l’Arbre
c’était un loup gris sur la plaine
un aigle bleu et noir sous les nuages - 4. S’il rappelait les débats
des premiers temps
râchait-il des faucons
sur une troupe de cygnes
pour que le premier attaint
chantât en l’honneur
de Yaroslav le Vieil
ou de Mstislav le Brave
celui qui étrangla Rédédia
sur le front des troupes cassogues
ou de Roman le Bel
le fils de Sviatoslav - 5. O Frères
Boïane ne lançait pas de faucons
sur une troupe de cygnes
Il posait ses doigts magicians
sur des cordes vivantes
et elles vibraient
pour la gloire du prince - 6. O Fréres
que ce récit rappelle donc d’abord
Vladimir le Vieil
puis Igor notre Igor
lui dont l’âme s’aguerrit
et dont le cœur se gonfla de courage - 7. acharné à se battre
il conduisit ses vaillantes troupes
de la terre russe vers la terre des Polovetz - 8. En ce temps-là
Igor cherchant du regard la clarté du soleil
vit une ombre s’étendre sur ses guerriers - 9. Et Igor dit à sa drougina
- 10. O Fréres
mieux vaut la mort que la captivité - 11. montons donc sur nos rapides coursiers
et allons voir le Don bleu - 12. Goûter l’eau du Don
ce désir l’emporte sur la crainte du présage - 13. Je veux
dit Igor
rompre ma lance
à l’autre bout de la terre de Polovetz
avec vous Russes
je veux y laisser ma tête
mais il me faut boire l’eau du Don
dans mon casque - 14. O Boïane rossignol des temps passés
si tu avais loué ces compagnons
O rossignol t’elançant sur l’Arbre
voletant sous les nuages
nouant les fils du passé et du présent
suivant la trace de Troïane
de la plaine à la montagne - 15. N’est-ce pas ainsi que tu aurais chanté
Igor le petit-fils de l’autre - 16. Ce n’est pas l’ouragan
qui chasse les faucons
au-dessus des steppes sans limites
ce n’est pas un vol de corneilles
fuyant vers le grand Don - 17. Ou bien encore Boïane
Boïane l’enchanteur
petit-fils de Vélès
ne chanterais-tu pas - 18. Les chevaux hennissent
au-delà de la Soula
la gloire sonne à Kiev
comme les trompettes à Novgorod
quand les étendard flottent à Poutivl
Igor attend son frère bien aimé Vsevolod - 19. et lui le taureau fougueux
et lui Vsevolod dit - 20. O mon frère unique
O lumière de la lumière
nous somme tous de fils de Sviatoslav - 21. Selle frère tes chevaux rapides
- 22. les miens sont prêts
déjà sellés à Koursk - 23. et mes Kouriens sont des guerriers
nés au son des trompettes
élevés sous le casque
nourris à la pointe des lances - 24. Tout les chemins leur sont connus
tous les ravins leur sont familiers
leurs arcs sont bandés
leurs carquois ouverts
leurs sabres aiguisés - 25. Ils courent comme des loups dans la plaine
assoiffés d’honneur pour eux
et de gloire pour leur prince - 26. Alors le prince Igor
mit le pied à l’étrier d’or
et s’éloigna en rase campagne - 27. le soleil lui oppose l’ombre
- 28. la nuit lance contre lui
l’ouragan et ses gémissements
les oiseaux se taisent
tandis que hurlent les fauves - 29. le Dive au-dessus des arbres
avertit les terres inconnues
la Volga les bords de la mer
la Soula le Souroge la Korsougne
et toi aussi totem de Tmoutarakagne - 30. Les Polovetz s’élancent vers le Don
évitant les sentiers battus
leur chariots crient
dans la nuit
comme crient les cygnes effrayés
Igor conduit ses guerriers vers le Don - 31. et déjà
de son malheur se nourrissent les oiseaux
le loups hurlent dans les ravins
comme l’orage
les aigles convoquent les fauves
autour des ossements
les renards glapissent
devant les boucliers rouges - 32. O terre russe
tu es déjà au-delà de la colline - 33. La nuit tombe lentement
- 34. le crépuscule succède au soleil
les ténèbres couvrent les champs - 35. les trilles du rossignol se sont assoupies
le murmure des corneilles a diminué - 36. les fils des russes
ont barré la vaste plaine
de leurs boucliers rouges
cherchant pour eux l’honneur
et la gloire pour leur prince - 37. Le vendredi à l’aube
ils écrasèrent les hordes maudites des Polovetz
et s’élancèrent comme des flèches dans la plaine
chassant devant eux
les belles filles polovetz
emportant avec elles
l’or
les brocarts et les lamés précieux
avec les ormas et les fourrures - 38. et les étoffes
ils firent un pont
au-dessus des marais - 39. Un étendard rouge
un oriflamme blanc
un toug rouge
un lance d’argent
pour le vaillant fils de Sviatoslav - 40. Que la brave nichée d’Oleg repose
elle a volé bien loin - 41. elle n’était pas née pour le malheur
ni pour le faucon
ni pour le gerfaut
ni pour toi noir corbeau
infâme Polovetz - 42. Gzak court comme un loup gris
Kontchak le conduit
vers le grand Don - 43. Et le lendemain
de grand matin
les lueurs sanglantes de l’aurore
annoncent le jour - 44. venues de la mer
les nuées sombres
vont obscur
les Quatre Soleils
elles palpitent d’éclairs bleus - 45. et voici l’énorme tonnerre
une pluie de flèches
près du grand Don - 46. C’est là que les lances
seront brisées
C’est là que les sabres
s’ébrécheront
sur les casques de polovetz
au bord de la rivière Kaïala
près du grand Don - 47. O terre russe
tu es déjà au-delà de la colline - 48. De la mer déjà les vents
petits-fils de Stribog
soufflent des flèches
sur les vaillantes troupes d’Igor - 49. La terre gronde
les fleuves roulent leurs eaux troubles
la poussière s’étale sur les champs - 50. les étandards parlent
Venus de la mer
et du Don
de partout
s’avancent les Polovetz - 51. cernant les troupes russes
- 52. Les fils du démon
ont barré les champs
de leurs cris
et les vaillants Russes
ont opposé
leurs rouges boucliers - 53. O Vsevolod
fougueux taureau
tu te dresses
au milieu du combat
tu arroses les ennemis
de tes flèches
tu fais sonner leurs casques
sous les coups des glaives d’acier - 54. là où tu bondis
taureau fougueux
là où ton casque d’or étincelle
tombent
les maudites têtes des Polovetz - 55. sous les coups des sabres bien trempés
les casques avars sont fendus
par toi
fougueux taureau
Vsevolod - 56. Quelle blessure compte
pour celui qui a voulu oublier
les honneurs
la ville de Tchernigov
le trône d’or de son père
le sourire et l’amour
de sa bien-aimée
la belle Glebovna - 57. L’époque de Troïane est révolue
les étés de Yaroslav ont passé
les troupes d’Oleg ont vécu
d’Oleg Sviatoslavitch - 58. Oleg celui qui forgeait les complots
et semait les flèches dans le sol - 59. quand il mettait son pied
à l’étrier d’or
dans la cité de Tmoutarakagne - 60. le bruit en était perçu
par le grand Vsevolod
l’ancien
le fils de Yaroslav - 61. Quant à Vladimir
il se bouchait les oreilles
tous les matins
à Tchernigov - 62. mais la gloire de Boris Viatcheslavitch
lui fit subir le jugement de Dieu
pour les offenses d’Oleg
et étendit sur la nappe verte
de la rivière Kaïala
ce vaillant et jeune prince - 63. De cette même Kaïala
Sviatopolk ordonna
de ramener son père
entre deux chevaux hongres
à Sainte-Sophie de Kiev - 64. Alors à l’époque d’Oleg
fils du malheur
les discordes étaient semées
et levaient
et les petits-enfants de Dajbog
périssaient
Ainsi s’abrègent dans les complots
les vies humaines - 65. En ce temps-là
sur toute la terre russe
on n’entendait que rarement l’appel du laboureur
mais les corbeaux croassaient
en se disputant les cadavres
et les corneilles palabraient à leur guise
avant de s’envoler vers leur festin - 66. Ainsi pour toutes les guerres
et toutes les batailles
mais jamais comme pour ce combat
De l’aube au crépuscule
et du crépuscule à l’aurore
les flèches volaint
les sabres frappaient les casques
les lances d’acier se brisaient
dans la plaine sans nom
au milieu du pays des Polovetz - 67. La terre noire était semée d’os
foulée par les sabots des chevaux
arrosée de sang
pour la moisson des malheurs
sur le sol russe - 68. Quel est ce bruit
qu’on entend dans le lointain
tôt avant dans les aurores - 69. c’est Igor qui ramène ses troupes
il a pitié de son frère bien aimé Vsevolod - 70. Bataille un jour
Bataille un deuxième jour
Le troisième jour vers midi
les étendards d’Igor tombèrent - 71. Là les deux frères furent séparés
sur les bords de la rapide Kaïala - 72. là le vin sanglant manqua
- 73. là les vaillants Russes achevèrent leur festin
ils ont enivré leurs convives
et sont tombés pour la Russie - 74. L’herbe se courbe de douleur
l’arbe s’incline avec tristesse vers la terre - 75. O Frères
déjà l’heure funeste a sonné
déjà la brousse a recouvert les forces russes - 76. L’infortune s’est dressée
parmi les troupes du petit-fils de Dajbog
elle a posé le pied
et vierge
sur la terre de Troïane
elle a battu de ses ailes de cygne
la mer bleue
près du Don
les temps heureux sont bien passés - 77. La discorde entre les princes
c’est la massacre par les infidèles
car le frère dit au frère :
Ceci est à moi
et cela aussi m’appartient
Et les princes dirent
Ce qui est petit
est grand
et forgèrent des complots - 78. et les infidèles vinrent
de tous les pays
portant les malheurs
sur la terre russe - 79. O faucon
tu es allé trop loin
en pourchassant les oiseaux
vers la mer - 80. mais on ne ressuscitera jamais plus
la vaillante armée d’Igor - 81. A sa suite
s’élevèrent les lamentations
de Karina la pleureuse
et Jélia la pitié
s’élança
à travers la terre russe
semant les cendres
de sa corne de feu - 82. Les femmes russes se mirent à pleurer
Disant
maintenant : - 83. nous ne pouvons plus
rêver dans nos rêves
à nos chers compagnons
ni penser à eux dans nos pensées
ni les voir de nos yeux
quant à l’or et à l’argent
nous ne pourrons plus même y toucher - 84. O Frères
Kiev gémit sous l’oppression
Tchrnigov est accablée par le désastre - 85. la tristesse inonde la terre russe
- 86. les princes fomentent des complots
- 87. les infidèles porteurs de malheur
envahissent la terre russe
exigeant
une peau d’écureuil
par foyer - 88. Les deux vaillants fils de Sviatoslav
Igor et Vsevolod
avaient déjà réveillé le mensonge
qu’avait endormi
leur redoutable Père
le grand Sviatoslav de Kiev - 89. puissant comme la tempête
il avait tout détruit avec ses armées
et ses glaives d’acier
envahi la terre des Polovetz
franchi les collines et les ravins
troublé l’eau des rivières et des lacs
desséché les torrents et les marais
tel l’ouragan
il avait arraché l’infâme Kobiak
du fond de la baie
loin des troupes de fer des polovetz
et Kobiak s’était effondré
dans la ville de Kiev
dans le palais de Sviatoslav - 90. Alors
Allemands
Vénitiens
Grecs
Moraves
Chantent la gloire de Sviatoslav
et condamnent le prince Igor
parce qu’il a noyé
la fortune russe
au fond de la Kaïala
la rivière de Polovetz
en y versant l’or russe - 91. De la selle d’or
le prince Igor passa
Sur la selle des captifs - 92. Le découragement s’empara des villes
et la joie tomba - 93. En ce temps
Sviatoslav fit un rêve
un rêve troublant - 94. il dit
Sur la montagne de Kiev
cette nuit
dès le soir
on me couvrait d’un linceul noir
j’étais étendu sur un lit de cèdre - 95. on m’apportait du vin bleu
mêlé de fiel - 96. Des carquois vides des Tolkovines
on répandait sur ma poitrine
de grosses perles - 97. et on me caressait
et les pontres
du toit doré de mon palais
disparurent - 98. toute la nuit
dès le soir
les corbeaux du diable
croassaient - 99. tandit que les serpents
rampaient
près de Plesnek
vers la mer bleue - 100. Et les boyards dirent au prince
- 101. voilà que l’angoisse
s’empare de ton esprit - 102. deux faucons se sont envolés
du trône d’or paternel
à la conquête de la ville de Tmoutarakagne
car il est beau de boire
l’eau du Don
dans son casque
et déjà les ailes des faucons
sont déjà rognées
par les sabres des infidèles
ils sont pris
dans des rets de fer - 103. Le troisième jour
l’ombre s’épaissit
deux soleils s’obscurcirent
deux colonnes de feu s’éteignirent
et en même temps
deux croissants de lune
Oleg et Sviatoslav
furent voilés par les ténèbres
et plongés dans la mer
les gens du Khan s’enhardirent - 104. Sur la rivière Kaïala
l’ombre a vaincu la lumière - 105. sur la terre russe
les Polovetz se répandirent
comme une portée de lynx - 106. La honte s’éleva contre la gloire
- 107. la contrainte frappa la liberté
- 108. le Dive fonca sur la terre
- 109. les belles filles de Goths
se mirent à chanter
au bord de la mer bleue
et firent sonner l’or russe
elles chantent le temps des Bousses
elles exaltent la vengeance de Charokagne - 110. et nous ceux de ta drougina
nous sommes assoiffés
de joie - 111. Alors le grand Sviatoslav
prononce un discours d’or
mêlé de larmes
il dit - 112. Mes fils
Igor et Vsevolod
vous avez commencé trop tôt
à remuer avec vos glaives
la terre des Polovetz
et à chercher à conquérir la gloire
mais vous vous êtes séparés
sans honneur
vous avez fait couler
sans gloire
le sang impur - 113. Vos cœurs vaillants
sont forgés
d’un dur acier
et trempés
par le courage - 114. Qu’avez-vous fait à mes cheveux d’argent
- 115. Et déjà je ne vois plus
la puissance de mon frère Yaroslav
le fort
le riche
et ses guerriers innombrable
ses boyards de Tchernigov
Mogoutes
Tatranes
Chelbires
Topchaks
Revougs
Olbers
ceux-là
sans boucliers
rien qu’avec leurs poignards
tirés de leurs bottes
battaient les armées
et de leurs cris
exaltaient la gloire de leurs aïeux - 116. Mais vous
vous avez dit
Montrons
Seuls
notre courage
conquérons
seuls
la gloire à venire
et partageons
celle du passé - 117. Est-ce donc un miracle
O Frères
qu’un vieillard rajeunisse - 118. Lorsqu’un faucon a déjà mué
il chasse les oiseaux
très haut
et ne laisse pas attaquer sa niche - 119. Mais le Malheur
c’est que les princes ne m’aident pas - 120. le temps ne signifie plus rien
- 121. dans la ville de Rimov
on gémit sous la menace des glaives polovetz
et Vladimir blessé se lamente - 122. Peine et tristesse pour le fils de Gleb
- 123. Grand prince Vsevolod
tu ne penses pas
à accourir à rire d’aile
de loin
pour sauver le trône d’or
de tes pères - 124. car tu pourrais
avec tes rames
faire voler l’eau de la Volga
et vider le Don
avec ton casque - 125. Si tu étais ici
une esclave vaudrait une nogata
et la terre ferme
et un prisonnier une resana - 126. Tu peux aussi
sur la terre ferme
lancer ces armes vivantes
les hordes fils de Gleb - 127. Toi fougueux Rurik
et toi David
vos casques d’or ne flottaient-ils pas
sur le sang - 128. Est-ce votre vaillante drougina
qui mugit
comme un troupeau de taureaux
blessés par des sabers bien trempés
dans un champ qu’on ne nomme pas - 129. Chaussez seigneurs vos étriers d’or
pour venger l’injure de ce temps
pour la terre russe
pour les blessures d’Igor
le vaillant fils de Sviatoslav - 130. Et toi Yaroslav Osmomyssl
prince de Galitch
tu surgit très haut
sur ton trône d’or battu
De tes troupes de fer
tu soutiens les monts de Hongrie
barrant la route royale
fermant les portes du Danube
lançant tes forces
au-dessus des nuages
armant des navires
jusqu’au Danube - 131. tes orages inondent les pays
tu ouvres les portes de Kiev
Du trône d’or parternel
tu lance des flèches sur les sultans
au-delà des terres - 132. Lance donc seigneur
tes flèches
sur Kontchak
le vil esclave
pour la terre russe
pour les blessures d’Igor
le vaillant fils de Sviatoslav - 133. Et toi terrible Roman
et toi Mstislav
que votre pensée intrépide
pousse votre esprit à agir - 134. vous planez très haut
en agissant avec vaillance
comme le faucon
qui vole avec les vents
en cherchant à dominer
les autres oiseaux
qu’il attaque - 135. car vous avez des cuirasses de fer
et des casques latins
qui ont fait trembler les terres
des Khanats
des Khinoviens
des Lithuaniens
des Iatviagues
des Déréméliens
et les Polovetz
ont jeté leurs lances
et courbé leurs têtes
sous les coups de vos glaives d’acier - 136. Mais déjà
prince Igor
la lumière du soleil a faibli
et ce n’est pas un bon présage
que l’arbre ait abandonné ses feuilles - 137. le long de la Ros et de la Soula
les villes ont été partagées
et la vaillante troupe d’Igor
ne ressuscitera jamais plus - 138. Prince
le Don t’apelle
et appelle les princes à la victoire - 139. Les petits-fils d’Oleg
les vaillants princes
sont-ils prêts à se batter - 140. Ingvar et Vsevolod
et vous les trois fils de Mstislav
vous êtes les faucons à six ailes
d’une niche célèbre
ce n’est pas par chance
que vous avez conquis le pouvoir - 141. où lances polonaises
et vos boucliers - 142. Barrez l’accès de la steppe
avec vos flèches acérées
pour la terre russe
pour les blessures d’Igor
le vaillant fils de Sviatoslav - 143. Car déjà la Soula
ne roule plus ses reflets d’argent
vers la ville de Pereyaslav
et la Dvina
s’étend comme un marécage
vers les redoutables habitant de Polotsk
tandit que les infidèles crient - 144. Seul Isiaslav
fils de Vassilko
fit tinter ses glaives tranchants
en frappants les casques lithuaniens
atteignant la gloire de son aïeul Vseslav
mais lui-même fut attaint
sous les boucliers rouges
sur l’herbe rouge
par les glaives lithuaniens
et l’ayant saisie
sur sa couche - 145. il dit
- 146. Prince
les oiseaux ont vêtu ta garde de leurs ailes
et les fauves ont léché son sang - 147. Il n’était pas là
son frère Briatchislav
ni l’autre Vsevolod
Seul
il laissa échapper son âme de son corps
comme une perle d’un coillier d’or - 148. les voix se sont laissées
la joie trouble
et les olifants de Grodno se mirent à sonner - 149. O Yaroslav
et vous tous les petits-fils de Vseslav
abaissez vous étendards
rengainez vos glaives ébréchés - 150. vous avez déjà quitté
la voie glorieuse de vos aïeux - 151. car c’est vous
par vos discords
qui avez commencé
à attirer les infidèles
sur le domaine de Vseslav - 152. Ainsi les discordes des princes
ont imposé le joug des Polovetz - 153. Au septième siècle
celui de Troïane
Vseslav joua son sort
pour une vierge qu’il aimait - 154. s’aidant d’une crosse
il monta à cheval
bondit jusqu’à Kiev
et de la pointe de sa lance
toucha le trône d’or de Kiev - 155. de là
comme une bête fauve
à minuit
il sauta de Belgorod
s’enveloppant d’une nuée bleue - 156. le matin
il fixa ses éperons
força les portes de Novgorod
flétrit la gloire de Yaroslav - 157. et comme un loup
bondit de Doudoutki jousq’à la Nemiga
Sur les bords de la Nemiga
on dresse des gerbes de têtes
on les bat avec des fléaux d’acier
sur l’aire on lance des vies
on vanne les âmes des corps - 158. Les rives sanglantes de la Nemiga
ne furent pas ensemencées avec du grain
mais avec les ossements
des fils de la Russie - 159. Le prince Vseslav
rendait la justice
attribuait les villes aux princes
mais il errait aussi
comme un loup
la nuit
Parti de Kiev
il atteignait Tmoutarakagne
avant le chant du coq
et comme un loup
coupait la route au Grand Khors - 160. De bonne heure pour lui
sonnèrent les matines à Polotsk
et lui entendit le carillon de Kiev - 161. Bien qu’une âme de magicien
hautât un autre corps
il connut souvent le Malheur - 162. C’est pour lui
que Boïane l’enchanteur
composa à juste titre cette juste sentence - 163. Ni malin
Ni retors
ni celui qui est plus rapide que les oiseaux
n’échappera au jugement de Dieu - 164. O que la terre doit gémir
en se souvenant des premiers temps
et des premiers princes - 165. N’aurait-on pas plus clouer le vieux Vladimir
contre les monts de Kiev - 166. Désormais ses étandards sont les uns à Rurik
les autres à David
mais ils flottent en sens contraire
les uns des autres - 167. et les lances sifflent sur le Danube
- 168. A voix de Yaroslavna
s’élève alors
comme celle d’un concou qui se cache
à l’aube Yaroslavna apelle - 169. je volerai
dit-elle
comme un coucou
le long du Danube - 170. je tremperai ma manche de castor
dans la rivière Kaïala - 171. je panserai
les plaies saignantes
sur le corps viril du prince - 172. A l’aube Yaroslavna pleure
sur les murailles de Poutivle - 173. O vent
grand vent
dit-elle
pourquoi
maître
souffles-tu si fort - 174. pourquoi
de tes ailes légères
pousses-tu les flèches du Khan
contre les guerriers
de mon bien-aimé - 175. ne te suffit-il pas de chasser les nuages
vers les hauteurs
et de bercer les vaisseaux
sur la mer bleue - 176. pourquoi
maître
as-tu éparpillé ma joie
sur l’herbe des steppes - 177. A l’aube Yaroslavna pleure
sur les murailles de Poutivle - 178. O Dnepr glorieux
dit-elle
tu as creusé les montagnes rocheuses
jusqu’à la terre des Polovetz - 179. tu as bercé sur tes flots
les chalands de Sviatoslav
jusqu’aux troupes de Kobiak - 180. maître
berce aussi
mon bien-aimé
pour que je ne verse pas
pour lui
des larmes
dès l’aube
jusqu’à la mer - 181. A l’aube Yaroslavna pleure
sur les murailles de Poutivle - 182. O radieux soleil
dit-elle
trois fois lumineux
soleil
pour tous
tu es chaud
et beau - 183. pourquoi
maître
avoir dardé
tes brûlants rayons
sur les guerriers
de mon bien-aimé
pourquoi
dans la plaine sans eau
as-tu
par la soif
désséché leurs arcs
et bouché leurs carquois
avec l’angoisse - 184. Vers minuit
la mer se soulève
les trombes s’avancent
et les ténèbres
Au prince Igor
Dieu montre le chemin
de la terre de Polovetz
vers la terre russe
vers le trône d’or de son père - 185. Le crépuscule s’éteint
Igor dort
Igor s’éveille
Igor mesure en son esprit
la plaine
qui s’étend
du grand Don
au petit Donetz - 186. Vers minuit
Ovlour appelle un coursier
de l’autre côte de la rivière
il fait signe au prince
Igor n’est plus là
on appelle - 187. la terre gronde
l’herbe murmure
les tentes des Polovetz s’agitent
Comme une hermine - 188. Igor court vers les roseaux
comme une sarcelle blanche
vole sur l’eau - 189. saute sur le rapide coursier
descend pattes nues
comme un loup gris - 190. file vers les prés du Donetz
comme un faucon
s’envole dans la brume
abattant les oies et les cygnes
pous ses repas du matin de midi et du soir - 191. Igor vole cependant
comme un faucon
Ovlour file
comme un loup - 192. – – –
- 193. – – –
- 194. – – –
- 195. – – –
- 196. – – –
- 197. – – –
- 198. pleure le jeune prince
- 199. les fleurs pitoyables
se fanent
les arbres douloureusement
se penchent vers la terre - 200. Ce ne sont pas les pies
qui criaillent
ce sont Gzal et Konchak
qui galopent
à la poursuite d’Igor - 201. alors
les corbeaux ne croassent plus
les corneilles se taisent
les pies ne jacassent plus - 202. les grimpeurs rampent sur les branches
les priverts par leurs coups de bec
indiquent le chemin de la rivière
les rossignols chantent joyeusement
annonçant le jour - 203. Gzak dit à Kontchak
- 204. – – –
- 205. – – –
- 206. Puisque le faucon s’envole vers son nid
nous lierons le fauconneau
à une belle fille - 207. Gzak dit à Kontchak
- 208. Si nous le lions à une belle fille
nous n’aurons ni le fauconneau ni la belle fille
et ils abattrons nos oiseaux
dans la steppe des Polovetz - 209. Boïane
le chantre des anciens temps
de Yaroslav et d’Oleg
avait dit aussi - 210. Prince
malheur à la tête sans épaules
pire malheur au corps sans tête
malheur à la terre russe sans Igor - 211. Le soleil luit dans le ciel
le prince Igor sur la terre russe - 212. les filles chantent sur le Danube
leurs voix s’unissent
au-dessus de la mer jusqu’à Kiev - 213. Par la côte de Boritchev
Igor chevauche vers Notre-Dame de Pirogost - 214. les pays sont dans l’allégresse
le villes dans la joie - 215. Le chant des anciens princes est chanté
que soit chanté ensuite le chant des jeunes - 216. Gloire à Igor Sviatoslavitch
au fougueux taureau Vsevolod
à Vladimir Igorevitch - 217. Vivent le prince et sa drougina
qui bataillent
pour les chrétiens
contre les hordes des infidèles - 218. Gloire aux princes et à leur drougina
Amen
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Орехов Б. В. Параллельный корпус переводов «Слова о полку Игореве»: итоги и перспективы // Национальный корпус русского языка: 2006—2008. Новые результаты и перспективы. — СПб.: Нестор-История, 2009. — С. 462—473.