Французский перевод Е. Вольского
Источник: La geste du prince Igor : [poème russe du XIIe siècle] / texte établi, trad. et commenté par Eugène Volsky. Montpellier, 2002.
- 1. Que n’entamons-nous, frères,
à la manière d’autrefois
le pénible récit de la campagne d’Igor,
Igor, fils de Sviatoslav ? - 2. Mais notre chant, d’emblée,
suivra les faits d’aujourd’hui,
et non la fantaisie de Boïane. - 3. Car le sage Boïane,
quand il voulait composer un chant,
s’élançait dans la ramure de sa fantaisie,
comme un loup gris par la plaine,
comme un aigle bleu sous les nuages. - 4. Il se rappelait, dit-on,
les querelles des premiers temps ;
lors il lâchait dix faucons
sur un vol de cygnes,
et le premier frappé
entonnait son chant. - 5. Mais, ô frères, ce n’étaient pas dix faucons
que Boïane lâchait sur un vol de cygnes
il posait ses doigts magiques
sur les cordes vivantes
qui d’elles-mêmes résonnaient
à la gloire des princes :
l’ancien Yaroslav,
l’intrépide Mstislav
qui égorgea Rédédia
devant les troupes kassogues,
et le beau Roman, fils de Sviatoslav. - 6. Commençons, frères, ce récit
par l’ancien Vladimir,
et jusqu’au temps d’Igor
qui affermit son esprit,
arma son cœur de vaillance - 7. et, plein d’ardeur martiale,
mena ses braves soldats
contre les Polovtses,
pour défendre la Terre de Russie. - 8. Lors Igor leva les yeux
vers le brillant soleil
et vit que de son ombre
il recouvrait tous ses guerriers. - 9. Et il dit à sa truste :
- 10. « Frères et soldats !
mieux vaut être tué
que tomber entre les mains de l’ennemi ; - 11. enfourchons, frères, nos coursiers rapides,
et allons voir le Don bleu. » - 12. L’âme du prince
était pleine d’ardeur,
et son désir de goûter aux eaux du grand Don
le détourna de l’augure. - 13. « Je veux, dit-il, rompre ma lance
aux confins de la steppe coumane,
je veux, ô Russes, mourir avec vous,
ou boire dans mon casque l’eau du Don. » - 14. Ô Boïane, rossignol des temps anciens !
Que n’as-tu chanté ces batailles,
voletant, rossignol, dans la ramure de ta fantaisie,
t’élevant en esprit jusqu’aux nuages,
glorifiant les hauts faits d’aujourd’hui,
courant dans la voie de Troïane
de vallées en montagnes ? - 15. Que n’as-tu célébré dans tes chants
Igor, petit-fils d’Oleg : - 16. « Ce ne sont pas des faucons
emportés par la tempête
à travers la vaste plaine,
mais des bandes de choucas
volant vers le grand Don. » - 17. Que n’as-tu chanté, ô sage Boïane,
petit-fils de Vélès : - 18. « Sur la rivière Soula
hennissent les chevaux,
à Kiev retentit la gloire… »
A Novgorod sonnent les trompettes,
à Poutivl se dressent les étendards,
Igor attend Vsévolod, son frère bien-aimé. - 19. Vsévolod, le fougueux aurochs,
lui parla ainsi : - 20. « O Igor, tu es mon seul frère,
mon unique lumière,
tous deux nous sommes fils de Sviatoslav ; - 21. selle, ô frère, tes chevaux rapides,
- 22. car les miens sont fin prêts depuis Koursk,
- 23. et mes Kourianes sont de fameux guerriers :
langés au son des trompettes,
bercés à l’ombre des casques,
allaités du bout des lances, - 24. ils connaissent les routes et les ravins,
leurs arcs sont tendus,
leurs carquois ouverts,
leurs glaives aiguisés. - 25. Ils bondissent comme des loups gris dans la plaine,
en quête d’honneur pour eux,
et de gloire pour le prince. » - 26. Lors le prince Igor
mit son pied à l’étrier d’or
et s’engagea dans la steppe. - 27. L’ombre du soleil lui barrait la voie,
- 28. et les ténèbres étaient un funeste présage ;
les oiseaux disparurent,
les bêtes se mirent à hurler… - 29. Le Div cria du haut de l’arbre :
prêtez oreille, pays lointains
de la Volga, du Pomorié,
du Possoulié, de Souroj,
de Korsoun, et toi, idole de Tmoutorakan ! - 30. Cependant les Polovtses
fuyaient vers le grand Don
par des routes abandonnées ;
leurs chariots grinçaient dans la nuit -
on eût dit des cygnes effrayés.
Igor conduit ses guerriers vers le Don. - 31. Mais pour le prince Igor
le soleil s’est déjà obscurci,
et les arbres en deuil ont perdu leur feuillée.
Déjà les oiseaux dans les branches
sont affamés par sa défaite,
les loups dans les ravins
annoncent la tempête,
les aigles par leurs cris
convient les bêtes à se repaître d’ossements,
les renards aboient les boucliers écarlates. - 32. Ô Terre de Russie, ta frontière est bien loin !
- 33. Longue est la nuit ;
- 34. l’étoile du matin a pâli,
l’aube déjà flamboie,
la brume a recouvert la steppe ; - 35. le chant des rossignols s’est tu,
la voix des choucas s’est éveillée. - 36. Les Russes ont barré la grande steppe
de leurs boucliers écarlates,
en quête d’honneur pour eux,
et de gloire pour le prince. - 37. Vendredi, au point du jour,
ils dispersèrent les troupes des maudits Polovtses
et se répandirent comme des flèches
à travers la steppe,
s’emparant des belles Polovtsiennes,
de l’or, des soieries
et des précieux velours. - 38. De housses, de manteaux, de pelisses
et de diverses parures polovtsiennes
ils se mirent à faire des ponts
pour passer les marécages
et les terrains fangeux. - 39. La hampe écarlate,
la bannière blanche,
le toug écarlate
et la pointe d’argent
revinrent au valeureux fils de Sviatoslav. - 40. La vaillante nichée d’Oleg
s’est assoupie dans la steppe.
Elle a volé si loin ! - 41. Son destin n’est pas d’être la proie
d’un faucon, d’un gerfaut,
ni du noir corbeau -
toi, maudit Polovtse ! - 42. Gza court comme un loup gris,
et Kontchak le suit à la trace
en direction du grand Don. - 43. Le lendemain, des étoiles sanglantes
bien tôt annoncent le jour. - 44. Des nuées noires, traversées d’éclairs bleus,
arrivent de la mer
et veulent recouvrir les quatre soleils. - 45. Un grand orage est près d’éclater,
une pluie de flèches viendra du grand Don. - 46. Ici on brisera les lances,
on ébréchera les sabres contre les casques polovtsiens,
sur la rivière Kayala,
auprès du grand Don. - 47. O Terre de Russie, ta frontière est bien loin !
- 48. Voici que les vents, petits-fils de Stribog,
apportent de la mer des flèches
sur les troupes vaillantes d’Igor. - 49. La terre trépide, les rivières sont troublées,
la poussière monte de la steppe ; - 50. les étendards annoncent les Polovtses
- 51. qui arrivent du Don, et de la mer,
et de tous les côtés -
encerclant les troupes russes. - 52. Les fils de l’Enfer
ont barré la steppe de leurs cris,
et les Russes vaillants
l’ont barrée de leurs boucliers écarlates. - 53. Ô Vsévolod, ardent aurochs !
Tu te défends en brave,
tu cribles de flèches tes ennemis
et fais tinter sur leurs casques
tes épées d’acier. - 54. Où tu galopes,
aurochs au casque étincelant,
là gisent les têtes des maudits Polovtses. - 55. Tes sabres trempés
ont fendu les casques avars,
ô Vsévolod, ardent aurochs ! - 56. Mais, ô frères, les blessures ne sont rien
pour qui a oublié les honneurs, les richesses,
le trône d’or des aïeux
en la ville de Tchernigov,
et de sa chère épouse, la belle fille de Gleb,
l’amour et la douceur ! - 57. Où sont les siècles de Troïane,
les temps de Yaroslav
et les guerres d’Oleg, fils de Sviatoslav, - 58. cet Oleg dont l’épée fomentait la discorde,
et les flèches essaimaient par la terre ? - 59. Lorsqu’en la ville de Tmoutorokan
il mettait son pied à l’étrier d’or, - 60. le bruit résonnait aux oreilles
du grand Vsévolod l’Ancien, fils de Yaroslav, - 61. tandis que Vladimir, tous les matins,
verrouillait les poternes à Tchernigov. - 62. Quant à Boris, fils de Viatcheslav,
sa soif de gloire le mena au jugement
et il tomba, prince jeune et brave,
sur le rivage verdoyant de la Kanina
pour l’offense à Oleg. - 63. C’est de ce même rivage
que Sviatopolk, doucement, fit transporter son père
par des chevaux ambleurs de Hongrie
à la Sainte-Sophie de Kiev. - 64. Lors au temps d’Oleg, fils de Malheur,
on semait la discorde qui poussait dru,
le bien du petit-fils de Dajbog dépérissait,
par les guerres des princes
la vie des hommes s’abrégeait. - 65. En ce temps-là le cri du laboureur
devint rare en Terre de Russie,
tandis que souvent croassaient les corbeaux
qui se disputaient les cadavres,
et les choucas braillaient en leur idiome,
s’apprêtant à voler vers la ripaille. - 66. C’était au temps de ces batailles,
de ces campagnes-là…
Mais nul n’a jamais vu
une telle bataille !
De l’aube à la tombée du jour,
du soir jusqu’au matin
pleuvent les flèches trempées,
craquent les lances d’acier,
les sabres cliquettent sur les casques
dans la plaine perdue,
parmi la steppe coumane. - 67. La terre noire sous les sabots
est plantée d’ossements,
abreuvée de sang,
et le malheur grandit en Terre de Russie. - 68. Mais quel est ce tumulte,
quel est ce vacarme qui me parvient de loin
dès avant l’aube ? - 69. Igor arrête la fuite de ses troupes :
il a pitié de son frère bien-aimé Vsévolod. - 70. Ils se sont battus tout le jour,
puis un autre ;
le troisième jour, vers midi,
les étendards d’Igor sont tombés ; - 71. ici les deux frères se sont séparés
au bord de l’impétueuse Kayala ; - 72. ici le vin sanglant a manqué,
- 73. les Russes vaillants ont achevé leur festin :
ils ont enivré leurs convives,
et sont morts eux-mêmes pour la Terre de Russie.
.. .Et sur sa couche avec sa bien-aimée - 74. L’herbe se flétrit de pitié,
les arbres, de chagrin, penchent vers la terre. - 75. Voici venu, frères, un temps de tristesse,
voici que la steppe a recouvert notre armée. - 76. La ruine s’est installée
parmi les petits-fils de Dajbog ;
elle est entrée comme une vierge dans le pays de Troïane,
agitant ses ailes de cygne
sur la mer bleue, près du Don,
et le temps de l’abondance s’en est allé. - 77. Les princes ne font plus la guerre aux maudits,
car le frère a déclaré au frère :
« Ceci est à moi, et cela aussi »,
et de dire « c’est chose grave ! »
à propos de vétilles ;
ils se perdent ainsi par leurs discordes, - 78. tandis que les maudits
ravagent de toute part la Terre de Russie. - 79. Ah ! comme il a volé loin, le faucon,
frappant les oiseaux devers la mer… - 80. Hélas ne revivra
la troupe vaillante d’Igor ! - 81. Le cri de Karna l’a suivie,
et Jélia s’est répandue sur la Terre de Russie,
portant le feu dans sa corne ardente. - 82. Les femmes russes pleurent en disant :
- 83. « Nous avons perdu nos époux bien-aimés,
nos yeux ne les reverront plus,
et nous ne porterons jamais
cet or et cet argent».
Elles blâment le prince Igor
d’avoir noyé la richesse
au fond de la rivière Kayala,
d’y avoir versé l’or des Russes. - 84. Kiev, ô frères, gémit de douleur,
et Tchernigov, des ravages ; - 85. la Terre de Russie est inondée de chagrin,
les remparts des villes
ont pris un air lugubre,
et la joie n’est plus ;
la tristesse coule à flots
sur la Terre de Russie… - 86. В тексте перевода данный фрагмент стоит после фрагмента 65 Les princes, quant à eux,
se perdaient par leurs discordes - - 87. В тексте перевода фрагменты 86 и 87 стоят после фрагмента 65 les maudits remportant une victoire après l’autre,
prélevant comme tribut
une zibeline par foyer. - 88. Car ces deux fils vaillants de Sviatoslav,
Igor et Vsévolod,
ont réveillé le mal
que leur père, le redoutable grand-prince de Kiev,
avait presqu’endormi pour de bon.
Il était redoutable ! - 89. Avec son armée puissante et ses épées d’acier
il avait envahi et dompté le pays des Polovtses,
foulé aux pieds collines et vallées,
troublé rivières et lacs,
asséché torrents et marais ;
comme une rafale, il extirpa le maudit Kobiak
des prairies maritimes,
des troupes polovtsiennes, implacables et nombreuses -
et Kobiak tomba à Kiev,
dans la salle des gardes de Sviatoslav… - 90. Là des Allemands et des Vénitiens,
des Grecs et des Moraves
chantent la gloire de Sviatoslav. См. также фрагмент 83 - 91. В тексте перевода данный фрагмент стоит после фрагмента 71ici le prince Igor
a échangé sa selle dorée
contre une selle d’esclave ; - 92. См. фрагмент 85
- 93. Mais Sviatoslav, sur les collines de Kiev,
a vu un songe mauvais : - 94. « Cette nuit, dit-il, sur mon lit en bois d’if,
j’étais revêtu d’un voile noir, - 95. on me servait du vin bleu mêlé de cendre ;
- 96. des minces carquois des maudits Tolkovines
on déversait sur mon sein de grosses perles - 97. et on me dorlotait…
Mon palais au toit doré
était déjà sans faîte ; - 98. cette nuit, dès le soir,
les corbeaux – triste augure – ont croassé - 99. dans le pacage, près de Plessensk ;
du ravin de Kissan
ils se sont envolés vers la mer bleue ». - 100. Et les boyars de dire au prince :
- 101. « Messire, c’est le chagrin
qui trouble ton esprit : - 102. car deux faucons ont quitté
le trône d’or des aïeux
pour conquérir la ville de Tmoutorokan
ou pour boire dans leurs casques l’eau du Don.
Mais les sabres des maudits
ont rogné les ailes aux deux faucons,
et les voici solidement entravés. - 103. Le troisième jour s’est fait sombre :
les deux soleils se sont éteints,
les deux piliers pourprés se sont obscurcis,
et avec eux, les deux croissants
se sont enténébrés
et de s’enfoncer dans la mer,
tandis que les Khinoves ont redoublé d’audace. - 104. Sur la rivière Kayala
les ténèbres ont caché la lumière ; - 105. les Coumans se sont répandus sur la Terre de Russie
comme une portée de léopards - 106. La gloire est injuriée,
- 107. la liberté, matée,
- 108. et le Div est à terre.
- 109. Voici les belles filles des Goths
qui chantent au bord de la mer bleue ;
elles font tinter l’or des Russes
en célébrant l’époque funeste
et vantent la vengeance de Charokane. - 110. Et nous, avec la truste,
où donc est notre joie ? » - 111. Lors une parole d’or mêlée de larmes
échappa au grand Sviatoslav : - 112. « O mes neveux, Igor et Vsévolod !
que n’avez-vous attendu pour fourrager de vos épées
le pays des Polovtses
et pour chercher la gloire ?
Las ! votre victoire est vaine,
et vous avez en vain versé le sang maudit. - 113. Vos deux cœurs intrépides sont pétris de vaillance
et fermes comme de l’acier ; - 114. Qu’avez-vous fait à ma vieillesse grisonnante ?
- 115. « Où donc est passée la puissance de mon frère Yaroslav
avec ses boyars de Tchernigov ?
où sont sa force et sa richesse,
et ses nombreux guerriers :
les Mogoutes, les Tatranes,
les Chelbires, les Toptchaks,
les Révougues et les Olbères ?
Ceux-là, sans boucliers,
avec leurs seuls couteaux et leurs cris
remportent les victoires
et font retentir la gloire de leurs aïeux. - 116. В тексте перевода данный фрагмент стоит после фрагмента 113 mais vous avez déclaré :
« Montrons notre bravoure,
emparons-nous tout seuls de la gloire future
et partageons celle du passé ». - 117. « Eh quoi ! frères, un vieillard ne peut-il rajeunir ?
- 118. Un faucon dans la force de l’âge,
qui fait monter les oiseaux haut dans le ciel,
ne laisse personne s’en prendre à son nid ! - 119. Mais voilà le mal : les princes ne me sont d’aucun soutien,
- 120. et les années n’ont servi à rien.
- 121. Voici qu’on gémit à Rimov
sous les coups des sabres polovtsiens,
tandis que Vladimir gémit de ses plaies ; - 122. quelle peine et quel chagrin
pour ce fils de Gleb ! » - 123. Ô grand-prince Vsévolod !
que ne songes-tu à voler de loin
au secours du trône d’or des aïeux ? - 124. Les rames de tes vaisseaux
pourraient épandre la Volga,
et les casques de tes guerriers
pourraient vider le Don. - 125. Ah ! si tu étais là,
une captive ne vaudrait qu’un sou,
et un esclave, un liard. - 126. Tu peux par la terre
lancer des projectiles vivants -
les fils vaillants de Gleb. - 127. Et toi, fougueux Rurik, et David !
Vos casques d’or ont baigné dans le sang, - 128. et vos guerriers vaillants
mugissent comme des aurochs
blessés par les sabres trempés
dans la plaine perdue. - 129. Mettez, Seigneurs, vos pieds à l’étrier
pour venger l’injure présente,
pour la Terre de Russie, pour les blessures d’Igor,
le fougueux fils de Sviatoslav ! - 130. O Yaroslav Osmomysl de Galitch !
Tu es assis bien haut sur ton trône d’or,
et tes armées d’airain
sont adossées aux montagnes de Hongrie ;
tu barres le passage au Roi
et fermes les portes du Danube,
tu lances des poids par-dessus les nuages,
ton pouvoir s’étend jusqu’au Danube. - 131. Tes exploits sont fameux sur toute la terre :
tu fais ouvrir les portes de Kiev,
depuis le trône d’or des aïeux
tu tires sur les sultans des terres lointaines. - 132. Tire donc, Seigneur, sur Kontchak, l’esclave maudit,
pour la Terre de Russie, pour les blessures d’Igor,
le fougueux fils de Sviatoslav ! - 133. Et toi, fougueux Roman, et Mstislav !
Votre audace vous fait accomplir des exploits, - 134. et vous volez bien haut, tels deux faucons impétueux
qui planent parmi les vents,
rivalisant d’adresse avec les oiseaux. - 135. Vos guerriers vigoureux
sous leurs casques latins
ont fait trembler la terre,
et des peuples nombreux -
les Khinoves, les Lituaniens,
les Yatviagues, les Dérémèles et les Polovtses -
ont déposé leurs javelines
et courbé leurs têtes
sous les épées d’acier… - 136. – – –
- 137. В тексте перевода данный фрагмент стоит после фрагмента 105 et se sont partagé les villes
sur la Ros et la Soula. - 138. В тексте перевода данный фрагмент стоит после фрагмента 126 Le Don te réclame, ô prince,
et appelle les princes à la victoire ; - 139. В тексте перевода фрагменты 138 и 139 стоят после фрагмента 126 les fils d’Oleg, ces princes hardis,
ont déjà livré le combat. - 140. Ô Ingvar et Vsévolod, et…,
vous, les trois fils de Mstislav
issus d’une illustre nichée !
n’est-ce pas au gré de vos victoires
que vous vous êtes taillé des domaines ? - 141. À quoi bon vos casques d’or,
vos javelines polonaises et vos boucliers ? - 142. Servez-vous de vos flèches acérées
pour barrer la voie à la steppe,
pour la Terre de Russie, pour les blessures d’Igor,
le fougueux fils de Sviatoslav ! - 143. Les ondes argentées de la rivière Soula
ne sont plus un rempart pour la ville de Péréiaslavl,
et la Dvina, sous les cris des maudits,
est comme un fleuve de boue
pour les gens de Polotsk,
naguère si redoutables. - 144. Seul Iziaslav, fils de Vassilko,
tu tinter ses épées tranchantes
sur les casques lituaniens ;
il battit en gloire son grand-père Vseslav,
mais fut lui-même abattu
par les épées lituaniennes,
sous les boucliers écarlates,
dans l’herbe ensanglantée. - 145. В тексте перевода данный фрагмент стоит после фрагмента 73 il dit :
- 146. В тексте перевода фрагменты 145 и 146 стоят после фрагмента 73 « Les oiseaux ont habillé de leurs ailes
ta truste, ô prince,
et les bêtes ont léché son sang. »… - 147. Il n’y avait là ni son frère Briatchaslav,
ni l’autre, Vsévolod ;
son âme s’échappa seule, comme une perle,
de son corps vaillant, par le collier d’or. - 148. Les voix se sont tues, et la joie n’est plus -
sonnent les trompettes de Goroden. - 149. O Yaroslav, et vous tous, petits-fils de Vseslav !
naissez vos drapeaux, rengainez vos épées : - 150. vous avez forfait à la gloire de vos aïeux.
- 151. C’est vous, dans vos guerres, qui avez commencé
à mener les maudits en Terre de Russie,
sur le patrimoine de Vseslav. - 152. C’est la discorde entre les princes
qui nous vaut les ravages des Polovtses ! - 153. À la septième génération de Troïane,
Vseslav tenta sa chance
auprès de sa mie : - 154. la ruse et les chevaux furent ses atouts ;
il courut vers la ville de Kiev
et frôla de sa lance
le trône d’or kiévien. - 155. De Belgorod il s’échappa nuitamment,
tel une bête féroce cachée dans la brume bleue. - 156. Il ravit sa part de fortune…
ouvrit les portes de Novgorod,
brisa la gloire de Yaroslav, - 157. courut comme un loup devers la Némiga,
jusqu’à l’aire de battage.
Sur la Némiga, les gerbes sont des têtes
qu’on bat de fléaux d’acier ;
sur cette aire on laisse sa vie,
on y vanne les corps pour en séparer les âmes. - 158. Ce n’est pas de bon grain que furent semés
les rivages sanglants de la Némiga,
mais des ossements des Russes. - 159. Le prince Vseslav rendait la justice,
distribuait des villes aux princes,
mais la nuit – courait comme un loup
de Kiev jusqu’à Tmoutorokan
qu’il atteignait avant le chant du coq ;
en loup il devançait
la course du grand Khors, - 160. et lorsqu’on fit sonner les cloches
à la Sainte-Sophie de Polotsk
tôt pour les matines,
depuis Kiev il entendit le son. - 161. Pourtant, avec son âme de sorcier
dans un corps vigoureux,
souvent il connut des revers… - 162. C’est pourquoi le sage et perspicace Boïane
jadis composa ce refrain : - 163. « Ni le rusé, ni l’habile, ni l’oiseau habile
n’échappent au jugement de Dieu ». - 164. Tu gémiras, ô Terre de Russie,
au souvenir des premiers temps,
des premiers princes ! - 165. Nul ne pouvait river l’ancien Vladimir
aux collines de Kiev ; - 166. maintenant ce sont Rurik et David
qui portent ses étendards,
mais leurs bannières ne flottent pas côte à côte, - 167. leurs lances ne chantent pas à l’unisson…
- 168. La voix de Yaroslavna résonne sur le Danube -
comme un coucou lointain,
dès l’aube elle se lamente : - 169. « Je m’envolerai, dit-elle, comme un coucou
au-dessus du Danube, - 170. je tremperai ma manche de castor
dans la rivière Kayala, - 171. j’essuierai les plaies sanglantes de mon prince
sur son robuste corps. » - 172. Yaroslavna pleure dès l’aube
sur les créneaux de Poutivl : - 173. « Ô vent ! pourquoi, Seigneur, souffles-tu si fort ?
- 174. pourquoi portes-tu sur tes ailes légères
les traits khinoves contre les guerriers de mon bien-aimé ? - 175. ne te suffit-il pas de souffler sous les nuages,
en berçant les vaisseaux sur la mer bleue ? - 176. pourquoi, Seigneur, as-tu dissipé ma joie
dans l’herbe de la steppe ? » - 177. Yaroslavna pleure dès l’aube
sur les créneaux de la ville de Poutivl : - 178. « Ô Dniepr glorieux ! toi qui perças les montagnes rocheuses
dans la Terre des Polovtses, - 179. toi qui berças sur ton flanc les drakkars de Sviatoslav
jusqu’au camp de Kobiak, - 180. ramène-moi, Seigneur, mon bien-aimé,
pour sécher les larmes de mes yeux
qui dès l’aube regardent vers la mer. » - 181. Yaroslavna pleure dès l’aube
sur les créneaux de Poutivl : - 182. « Ô soleil, très brillant soleil !
toi qui donnes à tous ta chaleur et ta lumière, - 183. pourquoi, Seigneur, tes rayons brûlent-ils
les guerriers de mon bien-aimé ?
pourquoi dans la steppe aride,
par la soif tu as raidi leurs arcs,
par la souffrance tu as serré leurs carquois ? » - 184. La mer est grosse au septentrion,
les vents charrient les brouillards,
au prince Igor Dieu montre le chemin
de la Terre des Polovtses vers la Terre de Russie
et le trône d’or des aïeux. - 185. Le crépuscule s’éteint,
Igor ne dort pas, il est aux aguets,
en esprit il arpente la steppe
du grand Don jusqu’ au petit Donets. - 186. Au milieu de la nuit, au-delà du fleuve,
Ovlour siffle un cheval :
il est temps de partir !
Le prince Igor n’arrive pas…
Il appelle, - 187. la terre vibre, l’herbe frémit ;
les pans de la tente polovtsienne se soulèvent, - 188. et le prince Igor bondit
tel une hermine vers les roseaux,
tel un grèbe argenté vers l’eau ; - 189. il enfourche son coursier rapide,
saute à terre comme un loup aux pattes blanches, - 190. court vers la vallée du Donets,
vole comme un faucon sous les nuages,
abattant des oies et des cygnes
pour les repas du matin, du midi et du soir. - 191. Quand Igor vole comme un faucon,
Ovlour court comme un loup,
secouant la fraîche rosée,
car ils ont harassé leurs coursiers rapides. - 192. Le Donets dit :
- 193. « Ô prince Igor !
que de gloire pour toi,
que de dépit pour Kontchak,
que de joie pour la Terre de Russie ! » - 194. Igor dit :
- 195. « Ô Donets !
que de gloire pour toi
qui sur tes ondes berças le prince
et déroulas devant lui un tapis d’herbe verte
sur tes rivages d’argent ;
tu le recouvris de brumes chaudes
sous la verte ramure des arbres ; - 196. grèbe, tu le veillas sur l’eau,
mouette, sur l’onde, sarcelle, dans les vents. - 197. Telle n’est pas la rivière Stougna
à l’onde chétive,
qui se gorgea de ruisseaux et de torrents
pour s’épandre dans l’embouchure ;
elle engloutit le jeune prince Rostislav
entre ses rives obscures. - 198. La mère de Rostislav
pleure le jeune prince Rostislav ; - 199. les fleurs sont fanées de pitié,
et les arbres, de chagrin, penchent vers la terre. » - 200. Ce ne sont pas des pies qui jacassent,
mais Gza et Kontchak
chevauchant sur les traces d’Igor ; - 201. lors les corbeaux ne croassent plus,
les choucas se taisent,
les pies ont cessé de jacasser - 202. et sautillent seulement sur les branches.
Le martèlement des pics
indique le chemin de la rivière ;
par leurs chants joyeux, les rossignols
annoncent la levée du jour. - 203. Gza s’adresse à Kontchak :
- 204. « Tandis que le faucon vole vers son nid,
tuons le fauconneau avec nos traits dorés. » - 205. Et Kontchak dit à Gza :
- 206. « Tandis que le faucon vole vers son nid,
nous piégerons le fauconneau
avec une belle jeune fille. » - 207. Mais Gza dit à Kontchak :
- 208. « Si nous le piégeons avec une belle jeune fille,
nous n’aurons ni fauconneau,
ni belle jeune fille,
et les oiseaux nous cribleront de coups
dans la steppe coumane. » - 209. Boïane dit… chantre des temps anciens… :
- 210. « Pauvre de toi, tête sans corps,
malheur à toi, corps sans tête » -
et à la Terre de Russie sans Igor. - 211. Le soleil brille au firmament,
le prince Igor est en Terre de Russie ! - 212. Les jeunes filles chantent sur le Danube,
leurs voix filent par-delà les mers,
jusques à Kiev. - 213. Par la montée de Boritchev
Igor s’avance vers la Sainte Mère-de-Dieu-au-rempart ; - 214. les campagnes exultent,
les cités jubilent. - 215. Nous avons chanté les anciens princes,
et maintenant chantons les jeunes : - 216. gloire à Igor fils de Sviatoslav,
à Vsévolod, le fougueux aurochs,
à Vladimir fils d’Igor ! - 217. Vive les princes et la truste
qui défendent les chrétiens
contre les années des maudits ! - 218. Aux princes, la gloire,
et à la truste, l’honneur !
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Орехов Б. В. Параллельный корпус переводов «Слова о полку Игореве»: итоги и перспективы // Национальный корпус русского языка: 2006—2008. Новые результаты и перспективы. — СПб.: Нестор-История, 2009. — С. 462—473.